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Jazz et astronomie : le Cosmic Book !

vendredi 18 mai 2018, par Valentin.

Quelques thèmes de Jazz écrits autour de thèmes liés (de façon plus ou moins indirecte) à l’astronomie.

  Sommaire  

Comme chaque année maintenant, j’ai été invité à l’occasion de la Nuit des musées 2018 à présenter une soirée musicale au planétarium du Palais de la découverte. J’ai pour cela rédigé quelques thèmes de jazz en pastichant des « standards » connus, dont le titre évoquait de façon plus ou moins lointaine des sujets d’astronomie.

Voici la partition de ce « Cosmic Book », suivie d’explications plus détaillées.

The Cosmic Book vol.0
Copyright & Copyleft Valentin Villenave, 2018.
Licence Art Libre.

Comme d’habitude, la partition est éditée avec GNU LilyPond (en utilisant l’excellente contribution LilyJazz de Torsten Hämmerle). Le code source de la partition est inclus dans le fichier PDF, ce qui permet de la transposer, la modifier à volonté ; cela est d’ailleurs non seulement autorisé mais encouragé, la partition étant diffusée sous les termes de la licence Art Libre.

 Avant-propos

[Cliquez pour déplier]

En gravitation autour du planétarium
Lors de mes précédentes visites au Palais de la découverte (notamment avec mon collectif l’Oumupo), j’avais présenté diverses expériences astronomiques et musicales, notamment :

  • en faisant défiler les étoiles du planétarium dans une portée de musique et en jouant la mélodie correspondante, dans un sens puis dans l’autre (en imaginant que la Terre tourne à l’envers), puis en renversement intervallique (en imaginant qu’on voie les étoiles depuis l’autre hémisphère).
  • en projetant les constellations dans un Tonnetz, c’est-à-dire un maillage de notes disposées selon trois axes. Cela permettait d’entendre des accords.
  • en proposant une modélisation musicale de la mécanique céleste, d’abord planète par planète puis en confrontant les périodes orbitales de plusieurs planètes sous forme de polyrythmie ; mon co-équipier Gilles Esposito-Farèse avait également proposé d’intéressantes modélisations des satellites galiléens de Jupiter.

Pour la plupart de ces expériences, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur la compétence et la bienveillance de l’équipe du planétarium, en particulier Andy Richard qui a été d’une aide précieuse.

Pour cette nouvelle occasion, j’ai proposé une approche moins expérimentale : comme je savais que le responsable de l’unité astronomie du Palais de la découverte, Sébastien Fontaine, était fan de synthétiseurs, je lui ai proposé de participer autour d’improvisations sur des grilles d’accords… ce qui nous orientait donc plutôt vers des langages se rapprochant du jazz. (Il s’est avéré finalement que Sébastien ne serait pas disponible ce soir-là ; c’est la vie.)

Le paradoxe du Vrai Livre
Du coup, je suis revenu vers un projet qui me tente depuis longtemps : réaliser un pastiche du Real Book. Qu’est-ce que le Real Book ? C’est un recueil de quelques centaines de thèmes de jazz que tous les musiciens aguerris connaissent par cœur, interprètent et revisitent chacun à leur façon : ce que l’on appelle des standards de jazz, le cœur du répertoire de cette musique en évolution constante, qui repose majoritairement sur des savoirs-faire et traditions non-écrites.

Le Real Book est écrit à la main, grossièrement, photocopié et rephotocopié depuis des décennies… et surtout : il présente l’intéressante particularité d’être totalement illégal, car en inadéquation complète avec le régime « tous droits réservés » du soi-disant droit « d’auteur » en vigueur dans nos contrées prétendûment civilisées. Reproduire des thèmes d’oreille ? Les transcrire approximativement, les réécrire, les réharmoniser, les transformer ? Sans autorisation, sans royalties, sans déclaration Ascap/Sacem/Urssaf/Boucherie Sanzot ? Impensable ! Scandaleux ! Pendant toute une (glorieuse) époque, le Real Book ne s’est transmis que sous le manteau. « Pirates » ou « bootleggers », les musiciens de jazz n’ont pu prospérer que dans cette illégitimité — ce qui n’a pas empêché les producteurs de disques de mettre la main sur ce patrimoine et de le copyrighter pour les lustres à venir.

La solution à ce problème aurait pourtant été, nous le savons aujourd’hui, toute simple : il aurait suffi d’utiliser des licences alternatives au régime « tous droits réservés ». Par exemple, certaines des licences Creative Commons, ou encore mieux, la licence Art Libre ; en un mot, d’autoriser par principe l’exécution, la copie, et la création de nouvelles œuvres à partir des thèmes d’origine. (Certes, les industriels du disque et les sociétés de gestion auraient fait la tête. Mais à la limite, c’est plutôt une raison de plus.)

Comme je l’ai fréquemment dit, là où le Pirate copie, le Libriste clone (et améliore). Plutôt que d’utiliser illégalement une copie de Microsoft Office, vous pouvez télécharger gratuitement LibreOffice, c’est plus léger et plus fiable ; de même pour Mozilla Firefox, Android, GNU/Linux, Wikipédia, et toutes les grandes réussites du monde Libre ces quinze dernières années. Et dans le domaine musical ? On trouve, certes, des bibliothèques de partitions telles que l’indispensable IMSLP ou la moins-connue Mutopia ; elles se préoccupent toutefois davantage de musique savante des siècles passées, ces miettes que l’industrie culturelle a bien voulu (non sans résistance) laisser entrer dans le domaine public. Pour la musique populaire ou les musiques dites « actuelles »… Il faut se débrouiller soi-même.

Écrire savamment dans un langage non-savant
Tel est le constat qui m’a conduit, à de nombreuses reprises, à écrire de « fausses » partitions de musique populaire, histoire de pouvoir non seulement les jouer moi-même au nez et à la barbe de tous les parasites du milieu artistique… mais aussi, et surtout, de permettre à d’éventuel⋅le⋅s futur⋅e⋅s musicien⋅ne⋅s de les jouer à leur tour. Il ne s’agit pas de contrefaçon, j’y veille d’ailleurs très soigneusement (ô glorieuse époque dans laquelle nul ne peut être artiste ou auteur sans être d’abord et avant tout juriste) ; personne ne pourrait confondre, par exemple, mes tangos avec ceux de Piazzolla, même s’ils s’y réfèrent explicitement.

Au-delà de cette raison pratique, existe une autre raison (une raison pure ?) à ma démarche : d’un point de vue politique et idéologique, l’existence même d’une telle dichotomie entre culture populaire et culture savante me hérisse, m’insupporte, me donne envie tour à tour de fracasser des pare-brises à coup de batte ou d’ouvrir la fenêtre pour vomir dans la rue. Certes, l’industrie médiatique de masse est en faute, je l’ai dénoncé maintes fois dans ces pages. Mais le monde de la « création contemporaine » soi-disant légitimée n’est pas moins à blâmer, qui s’est gargarisé pendant plus d’un demi-siècle de son propre hermétisme.

Mon langage habituel, celui que j’utilise dans mes propres partitions, est celui de la musique savante contemporaine (certes pas assez contemporain pour d’aucuns, mais c’est un autre problème). Cela ne m’empêche pas d’être intéressé par les porosités entre les langages : de même qu’il n’existe aucune raison pour ne pas utiliser du subjonctif dans un SMS ou des gros mots dans un beau livre, ne pourrait-on pas rendre la musique soi-disant savante accessible à chacun, et la musique dite populaire plus sophistiquée qu’un pur produit de consommation à court terme ?

En conclusion de l’introduction
Voilà ce qui m’a conduit à écrire ce petit recueil de quelques thèmes, en partant de standards de jazz connus mais en introduisant quelques particularités peut-être intéressantes : accords enrichis, modulations inattendues, progressions d’accords prises à rebrousse-poil, renversements intervalliques de la mélodie… Je m’empresse d’ailleurs de préciser que je ne prétends aucunement réinventer l’eau tiède, et que quelques jazz⋅wo⋅men font des choses musicalement tout aussi tordues depuis bien longtemps.

 Sommaire

  • Black Moon (d’après Blue Moon, 1934, Richard Rodgers & Lorenz Hart)
    Une « lune bleue » désigne une pleine lune qui arrive une deuxième fois dans un même mois (la période orbitale de la Lune autour de la Terre étant de 29,53 jours, donc un peu inférieure à un mois). À l’inverse, une « lune noire » désigne une nouvelle lune qui arrive une deuxième fois dans un même mois : c’est-à-dire que la lune présente sa face qui n’est pas éclairée par le Soleil — au sens strict, elle n’est toutefois pas entièrement « noire », car la Terre lui renvoie une faible lumière dite « cendrée » (ce phénomène a été compris et décrit pour la première fois par Galilée). D’un point de vue harmonique, le défi était dans cette chanson de… « faire tourner un Anatole à l’envers » (ça ne s’invente pas).
  • Fly Me To The 71st Moon Of Jupiter (d’après Fly me to the Moon, 1954, Bart Howard)
    La chanson Fly me to the Moon, enregistrée notamment par Frank Sinatra (cet enregistrement accompagna même les astronautes des missions Apollo 10 et 11), nous invite à aller sur la lune, puis sur « Jupiter and Mars »… ce qui représente un trajet assez peu pratique (1230 millions de kilomètres au moins !). Au contraire, si nous cherchions à aller vers Jupiter, il serait avantageux de passer d’abord près de Mars pour bénéficier de son champ gravitationnel pour nous propulser. Et d’ailleurs, des Lunes, Jupiter en a beaucoup : 69 connues à l’heure actuelle, mais on en découvre fréquemment de nouvelles (la tâche étant rendue difficile par les orbites excentriques des satellites les plus irréguliers).
  • How High The Satellite (d’après How high the Moon, 1940, Nancy Hamilton & Morgan Lewis)
    La chanson How high the Moon, enregistrée entre autres par Ella Fitzgerald, est une méditation sur l’infini, la musique et l’amour. Sa mélodie oscille entre majeur et mineur, et ses accords ont inspiré d’innombrables musicien⋅ne⋅s, notamment John Coltrane qui en a proposé sa propre version, intitulée Satellite et devenue elle-même un standard à part entière. Cette réécriture combine des éléments thématiques de l’une (rigoureusement inversés) et des enchaînements harmoniques de l’autre (là encore recombinés dans tous les sens). Et pour répondre rapidement à la question posée par ce titre : la Lune orbite à environ 380 000 kilomètres de la Terre, ce qui équivaut à plus de dix fois l’altitude de nos satellites artificiels les plus éloignés (en orbite géostationnaire).
  • It’s Only A Gobo Moon (d’après It’s only a paper moon, 1933, Harold Arlen)
    Le terme « gobo » est utilisé par les éclairagistes pour évoquer les formes découpées dans un matériau opaque, et projetées par une lampe munie d’une lentille. On en trouve de toutes les tailles, et pour toutes sortes de motifs…
  • Leonids Fell On America (d’après Stars fell on Alabama, 1934, Frank Perkins)
    La chanson Stars fell on Alabama est une romance innocente, dont le titre a été emprunté à un livre qui évoque des sujets plus sérieux (à commencer par la ségrégation raciale). Ce titre se réfère, quant à lui, à la pluie d’étoiles filantes qui se fit remarquer sur toute l’Amérique du Nord à l’automne 1833. Des astronomes étudièrent ce phénomène de façon rigoureuse, mais il fallut plusieurs décennies pour comprendre qu’il était en fait dû au passage cyclique d’une comète. La pluie dite des « Léonides » peut être observée chaque année à l’automne mais elle est plus intense tous les 33 ans. Plus connues, les « Perséides » peuvent être observées chaque été dans tout l’hémisphère Nord.
  • Let My Black Hole Grow (d’après Let My People Go chant traditionnel répertorié pour la première fois pendant la Guerre de sécession)
    Mon acolyte Nicolas Graner a eu l’idée d’écrire des paroles sur ce negro spiritual afin d’évoquer les trous noirs et leurs caractéristiques physiques (c’est-à-dire principalement gravitationelles). J’ai réécrit la mélodie d’une façon à la fois très proche de l’original quoique subtilement plus compliquée, et fidèle à l’esprit de ces chants traditionnels ; on peut notamment y trouver des traces de Swing Low, qui date des années 1860 et dont l’auteur Wallace Willis était lui-même un esclave affranchi.
  • My Favorite Rings (d’après My Favorite Things, extrait de The Sound of Music, 1959, Richard Rodgers & Oscar Hammerstein)
    Cette valse enlevée a été transformée en standard de jazz notamment par John Coltrane, qui en a laissé plusieurs enregistrements mémorables. Elle est ici réécrite entièrement avec des paroles évoquant les anneaux dans le système solaire : c’est-à-dire non seulement les quatre planètes gazeuses, mais également quelques systèmes d’anneaux que l’on commence tout juste à découvrir (notamment autour d’astéroïdes et de planétoïdes tels que les Centaures).
  • Noisy Light Of Busy Stars (d’après Quiet nights of quiet stars, 1960, Antônio Carlos Jobim)
    La célèbre bossa Corcovado d’Antônio Carlos Jobim a été traduite en anglais par Gene Lees pour évoquer le calme de la nuit et les étoiles silencieuses… Or, la lumière qui nous parvient des étoiles n’est pas du tout fixe, mais elle est pleine de bruit ! Outre le scintillement lié à l’atmosphère terrestre, la lumière d’une étoile peut être perturbée par des corps célestes passant entre elle et nous (ou déformant sa trajectoire par leur champ gravitationnel) ; mesuré soigneusement à une échelle infime, ce phénomène a notamment permis de déduire l’existence de planètes en orbite autour de certaines étoiles…
  • Quinoccio (d’après Equinox, 1960, John Coltrane)
    Si le standard de jazz Equinox est dû au grand saxophoniste John Coltrane, c’est à sa femme Naima qu’on en doit le titre (l’équinoxe d’automne coïncidant avec l’anniversaire de Coltrane). C’est un thème minimal, sous forme de blues en mineur ; toutes les formules rythmiques ont ici été interverties, et le dessin mélodique s’appuie sur d’autres notes du mode tout en restant lointainement reconnaissable.
  • Spin Slow (d’après Speak Slow extrait de One Touch of Venus, 1943, Ogden Nash & Kurt Weill)
    Venus est l’objet céleste le plus visible depuis la Terre, après notre Lune. Elle a fait l’objet de multiple missions spatiales, en particulier soviétiques, qui ont permis de constater son évolution radicalement différente de celle de notre planète, pourtant à peine plus grosse : Vénus est couverte d’une atmosphère de dioxyde de carbone et de nuages d’acide sulfurique, qui en créant un effet de serre très marqué, en font une planète plus chaude que Mercure, qui est pourtant plus proche du Soleil. C’est également la seule planète à tourner sur elle-même dans le sens inverse de toutes les autres (peut-être suite à une collision), et ce très lentement ; toutefois l’existence de vents très puissants tout autour de la surface donne l’impression que son atmosphère tourne plus vite que la planète elle-même (on parle même de « super-rotation »).
  • Star System (d’après Star eyes, 1943, Gene de Paul & Don Raye)
    Au-delà du sens que lui donnent les paparazzi, l’expression « star system » désigne des systèmes stellaires, c’est-à-dire des ensembles de plusieurs étoiles orbitant les unes autour des autres. Pour nous, habitants du système solaire à une seule étoile, il est déjà difficile d’imaginer un système binaire ou ternaire (à deux ou trois étoiles, respectivement) ; or on a pu observer des systèmes quintuples voire sextuples, eux-même composés de systèmes binaires ou ternaires !
  • Stellar (d’après Solar, Miles Davis, 1954)
    Le thème Solar est l’un de ces standards mémorables qui renouvelèrent à eux seuls le langage du blues et du jazz. Il est ici réécrit en procédant par renversement des intervalles de départ, ce qui conduit à des enchaînements harmoniques plus étonnants… voire acrobatiques.
  • Stellarium By Starlight (d’après Stella by starlight, 1944, Victor Young)
    Stella by starlight est l’un des thèmes les plus célèbres et expressifs de l’histoire du jazz ; il a été interprété et réinventé par des centaines de musiciens parmi les plus grands. La mélodie qui l’évoque ici passe par des modulations sophistiquées et inattendues… et il est évidemment possible, comme pour l’original, de la transformer de diverses façons. « Stellarium » est un terme latin qui désigne une carte des astres (et pourrait d’ailleurs décrire plus pertinemment ce que nous nommons planétarium) ; c’est aussi le nom de l’un des deux magnifiques logiciels libres (le second étant Celestia) qui permettent de découvrir les corps célestes.
  • Stormy Weather On Jupiter (d’après Stormy Weather, 1933, Harold Arlen & Ted Koehler)
    Davantage que la plupart des autres thèmes présentés ici, il s’agit d’un pastiche revendiqué. Peu d’objets dans le système solaire méritent autant d’être qualifiés de « stormy weather » (temps tempétueux) que la grande tache rouge de Jupiter. Sa composition chimique est encore mal connue à ce jour, même si plusieurs hypothèses pourraient expliquer sa couleur si reconnaissable. Nous savons cependant qu’il s’agit d’un gigantesque cyclone, qui est observé depuis plus de 350 ans et semble d’ailleurs diminuer peu à peu. Jupiter est classé comme une planète géante gazeuse, et porte bien cette qualification puisque son diamètre est un dizième de celui du Soleil, mais 10 fois celui de la Terre (et c’est par 1000 qu’il faut multiplier ou diviser si l’on compare le volume plutôt que le diamètre) !
  • Twin Devil Moons (d’après Old devil moon, 1947, Burton Lane & Yip Harburg)
    Dans l’Iliade, le dieu Mars (dieu de la guerre) invoque ses deux fils, Phobos et Deimos (la peur et la terreur). Il était donc assez logique de baptiser ainsi les deux lunes de la planète Mars lorsqu’elles furent découvertes à la fin du XIXe siècle. L’affaire connait cependant un prologue pittoresque lorsque, deux siècles et demi plus tôt, l’astronome Johannes Kepler tombe sur une énigmatique inscription de son collègue Galilée (qui, pour des raisons de confidentialité, pratiquait assidument les anagrammes) : smaismrmilmepoetaleumibunenugttauiras — Kepler pense que Galilée indique ici avoir observé deux satellites de Mars… alors que ce dernier parlait en fait de ce que nous savons aujourd’hui être les anneaux de Saturne.
  • Wintertime (d’après Summertime, 1934, George Gershwin & DuBose Heyward)
    L’hiver et l’été trouvent leur explication dans l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de l’écliptique. Cette chanson Wintertime est en fait extraite de la comédie musicale Harmoniques (musique de Valentin Villenave sur un texte de Nicolas Graner) ; non seulement les paroles sont écrites en utilisant seulement deux voyelles, mais les intervalles de la mélodie suivent ces voyelles de façon obligée (monter ou descendre d’une quinte à chaque changement de voyelle, et uniquement des mouvements conjoints quand la voyelle ne change pas). La difficulté était d’évoquer le blues de Gershwin malgré ces contraintes d’écriture !
  • The Yearly Sun (d’après The Midnight sun, 1947, Lionel Hampton & Sonny Burke)
    Passer un week-end sur Mercure (au-delà d’un petit problème de température : il y fait -173°C la nuit, 430°C le jour) est moins simple qu’il n’y paraît. Le mouvement de cette petite planète (grande comme une fois et demie notre Lune, quoique cinq fois plus lourde) présente en effet une particularité intéressante : il lui faut exactement autant de temps pour tourner trois fois sur elle-même, que pour faire deux fois le tour du soleil — par conséquent, vous ne verriez le soleil se lever qu’une fois tous les deux ans !
  • Yet Another Star (d’après Another Star, 1976, Stevie Wonder)
    Lorsque paraît la chanson Another star, Stevie Wonder a 26 ans mais déjà 18 albums à son actif. Cette chanson s’inspire de son riff de basse entraînant, en remplaçant la succession harmonique d’origine par un enchaînement chromatique plus complexe… mais, espérons-le, tout aussi groovy.
  • Zenith Of The Sun (Or Nadir Of The Moon ?) (d’après East of the Sun (and West of the Moon), 1934, Brooks Bowman)
    La chanson East of the Sun (and West of the Moon) doit son titre à un conte norvégien, ce qui ne nous renseigne guère sur l’emplacement ainsi désigné (d’ailleurs, peut-on vraiment parler d’Est et Ouest dans l’espace ?). On pourrait plutôt parler, par exemple, de Zénith et de Nadir, ce qui n’a sans doute pas beaucoup plus de pertinence mais nous permet d’utiliser ces deux beaux termes arabes peu usités (pour quelqu’un qui se tiendrait debout sur une planète, le zénith est l’axe directement au-dessus de lui alors que le nadir est la direction opposée, qui part sous ses pieds). Si nous voulions que le soleil soit à notre Zénith, il faudrait nous trouver sur Terre près de l’équateur à midi… et pour que la Lune soit au nadir au même moment, il faudrait qu’il y ait en même temps une éclipse de lune observable par les terriens aux antipodes ! La ligne mélodique évoque ici la chanson d’origine, mais l’harmonie lui donne un éclairage complètement différent.

D’autres thèmes à visiter éventuellement :

  • Stardust [c’est aussi le nom d’une très belle mission de retour d’échantillon de comète en 2006, la seule mission spatiale au-delà de la Lune à être revenue jusqu’à nous]
  • Moon dreams
  • Moon song
  • Moonlight serenade
  • No moon at all
  • Oh you crazy moon
  • Night and day [une occasion de comparer le jour solaire et le jour sidéral ?]
  • What a little moonlight can do
  • Reaching for the moon
  • It was written in the stars
  • Moonlight becomes you
  • Olha pro Céu (Look at the sky)
  • Orbits (Wayne Shorter-Miles Davis)
  • The world is waiting for the sunrise
  • Lost in the stars (Kurt Weill) [ce titre résume la situation des sondes Voyager 1 et 2, qui ont atteint la limite entre le système solaire et l’espace interstellaire]
  • When the sun comes out
  • When you wish upon a star

Merci à Nicolas Graner pour avoir bien voulu relire et corriger ces explications astronomiques !

V.

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