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Loi des séries

vendredi 26 octobre 2007, par Valentin.

J’adore les séries télé.

J’en regarde des tonnes.

Des séries américaines, de préférence ; il y a quelques séries françaises assez regardables, par exemple les célèbres séries policières de la 2 le vendredi soir, mais rien de comparable avec l’inventivité, le professionalisme de la plupart des séries américaines. En France, on se complaît dans des ficelles usées jusqu’à la corde, on enchaîne les clichés, les bons sentiments et le politiquement correct1. La France détient probablement, à mes yeux du moins, le record du monde de séries plates et ridicules2.

 Forme et formats

Pourquoi des séries ? D’abord parce que c’est l’un des formats qui se développent à l’heure actuelle, format narratif très particulier, qui a ses splendeurs et misères. Relativement peu cher, il peut développer une histoire sur un très long terme, introduire des personnages plus approfondis que le cinéma, voire tenter quelques audaces dans certains épisodes ; en revanche, les scénaristes sont constamment tenus en esclavage par les conditions de tournage, de diffusion et de poduction. Ainsi il n’est pas rare de voir, du jour au lendemain, un personnage central de l’histoire disparaître purement et simplement sans trop d’explications : c’est tout simplement que l’acteur a été viré, ou a démissionné pour aller tourner un film...

Ce mélange de liberté et de contraintes donne lieu à une construction que je pourrais qualifier de baroque ; d’ailleurs ne commettez surtout pas l’erreur de croire que cette subordination de la création à des critères extérieurs, notamment économiques, date du XXe siècle, comme je le développe dans un autre article.

De fait, cette écriture par accumulation, même si elle obéit à des règles et des codes stricts (à commencer par le découpage en épisodes de 42 minutes), n’est pas, si je puis dire, pré-formatée. On commence avec une saison de 13 épisodes, mais s’il s’avère que cela a du succès, ce sera plutôt 22, voire 24 épisodes3. Impossible de dire s’il y aura une saison 2, une saison 3, etc. L’histoire se construit en même temps qu’elle est écrite, et c’est donc à une double aventure que l’on assiste en fait : l’aventure des personnages est, plus que jamais, le reflet de de l’aventure de l’écriture.

Si j’osais, j’irais même plus loin : cette logique d’écriture par collage, de bric et de broc, qui s’étale et s’étale et s’étale, me semble faire signe vers des formes très anciennes, souvent éminemment populaires : la fatrasie du Moyen-Âge, le théâtre élizabethain4, ou plus proche, le roman feuilleton.

Ce dernier, apparaissant avec les médias modernes, introduit une dimension supplémentaire qui, cette fois, me semble tout à fait récente (dites-moi si je me trompe) : la sérialisation des genres narratifs5.

Du jour au lendemain, on découvre un moyen bien pratique de faire vendre son journal, ou ses livres6 : prenons un personnage que les gens aiment, et faisons-lui vivre toutes sortes d’aventures, sans lien les unes avec les autres.

Exemple type7 :

  • Martine à la ferme
  • Martine en voyage
  • Martine à la mer
  • Martine au cirque
  • Martine à l’école
  • Martine à la foire
  • Martine fait du théâtre
  • Martine à la montagne
  • Martine fait du camping
  • Martine en bateau
  • ...

Vous m’avez compris8.

 Sérialisons !

Je m’arrête un instant sur cette notion de sérialisation.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais la grande mode, au cinéma, est aux suites de suites de suites de suites. Déjà, on ne sort plus jamais un film, ça fait pauvre, mais le premier film d’une série de, au choix, deux trois, ou quatre. Ou sept — suivez mon regard...

Trois semble être un nombre acceptable. D’abord parce qu’on peut appeler ça « Trilogie », ça fait chouette. Ensuite parce qu’avec trois, on est à peu près sûr que le public n’aura pas le temps de se lasser : les gens vont voir le premier par curiosité, ensuite, ils se disent « Bon. Je voudrais bien connaître l’histoire en entier, mais si j’attends de voir le troisième sans voir vu le deuxième, je vais rien comprendre. » — Et voilà. Le tour est joué. on vous a fourgué trois films pour le prix... de trois.

Et puis, après, on attend un peu. Quelques années, ça peut être douze, ça peut être seize, ça peut être dix-neuf ans, le temps qu’il faudra pour faire de la sortie du quatrième volet un véritable évènement.

Mon propos n’est pas ici de me moquer de la sérialisation. C’est l’une des nombreuses contraintes qui peuvent pousser les créateurs à chercher des idées novatrices, à renouveler un personnage, un genre, etc. Comme partout , suivant l’intelligence et la pertinence avec laquelle ce sera fait, on obtiendra une série excellente ou désastreuse.

Pour revenir aux séries télévisées, notons qu’il existe deux sortes de séries : celles dont on peut sauter un épisode sans problème (la plus pure sérialisation), et celles qui racontent une seule longue histoire, à la manière du feuilleton. L’exemple le plus caricatural de cette seconde catégorie étant les soap en 400 épisodes, à la Dallas. Cependant, notons tout d’abord que vous pouvez manquer un épisode de Dallas (voire plusieurs) sans vous sentir perdu en reprenant l’intrigue en cours de route. C’est que les codes sont fixes. Les personnages n’évoluent que très peu, à moins qu’il ait été indiqué d’entrée de jeu que le salaud cachait en fait un coeur d’or, que la meilleure amie allait s’avérer être une garce, etc. Les changements apportés par un épisode sont volontairement limités, tournant parfois en boucle et ainsi de suite.

Ces dernières années, une (prétendue) nouvelle génération de séries a fait son apparition, qui se distingue par son aptitude à mélanger un peu l’une et l’autre tendance. D’ailleurs ce mélange s’accompagne souvent d’un mélange dans les genres. Mélange entre série scientifique et soap (Urgences, Grey’s Anatomy, House), entre série scientifique et policière (CSI — Les experts), entre séries pour ados et série policière (Veronica Mars), entre satire sociale et intrigue policière (Desperate Housewives), et ainsi de suite.

Peut-on vraiment parler de renouveau ? Peu m’importe, au fond. Il est tout de même très intéressant de voir de quelle manière cela s’organise, de quelle façon chaque épisode parvient à constituer malgré tout un ensemble cohérent (où par exemple une sous-intrigue va se résoudre), pendant que l’intrigue principale est savamment distillée d’épisode en épisode (un excellentissime exemple étant Dexter) sans donner d’impression d’immobilisme (il arrive que, pour préserver les sacro-saints 24 épisodes de la saison, on ait affaire à de véritables tunnels sans aucun intérêt), en attendant de se résoudre spectaculairement dans le dernier épsiode, le Season Finale, qui fait du coup l’objet d’une attente savamment entretenue tout au long de la série — parfois pour une résultat décevant (Heroes).

 Diffusion et droits

La plupart des séries que je mentionne ne sont pas (pas encore) diffusées en France. Elles sont diffusées aux Etats-Unis, à la télévision hertzienne numérique, ou sur le câble (système TiVO).

Comment les recevoir en France ?

  • en attendant qu’elles soient achetées par une chaîne française
  • en attendant que, même sans diffusion télévisée, le DVD sorte (Battlestar Galactica)
  • en les achetant par internet sur un service dit de « Vidéo à la Demande ». Ce dernier présente de nombreux inconvénients : souvent une protection numérique (DRM) empêche de regarder l’épisode plusieurs fois, de le copier sur son lecteur portatif, d’y adjoindre un sous-titre,... voire de simplement pouvoir le regarder sur son ordinateur9 !

Enfin, il existe d’autre moyens, dits « illégaux » depuis l’adoption de certains textes de loi très contestés, en dépit de l’existence d’une très, très large communauté de fans de par le monde qui, de leur propre initiative, donnent de leur temps, de leur ressources pour partager et diffuser leurs séries préférées — si je vous parle pls en détail de ce procédé, ce serait d’ailleurs considéré comme un délit au regard desdites lois. Cette communauté joue aujourd’hui un rôle central dans la diffusion mondiale de ces séries ; ainsi Heroes, récemment achetée par la première chaine française, n’auraient probablement pas rencontré l’audience phénoménale qui la caractérise sans être passé par ces canaux « occultes ».

J’ai déjà mentionné que les gens sont souvent prêts à passer du temps sur des tâches non rémunérées, pour peu qu’ils voient un intérêt public et que lesdites tâches les intéressent. À ce titre, on trouve sur internet une communauté extraordinairement vivace et efficace qui élabore, pour un nombre impressionnant de séries, des sous-titres de fort bonne qualité, parfois même supérieurs aux sous-titres des DVD ! Ainsi les fans non-anglophones peuvent-ils avoir accès à leurs séries, quelques heures à peine après leur diffusion à l’autre bout de la planète... dans leur langue maternelle.

Ce dernier point pose la question de la légitimité de la copie dite « privée ». On peut, depuis longtemps, conserver et archiver les émissions, films et séries que l’on trouve à la télévision. On peut, d’ailleurs, prêter cet enregistrement à son frangin, sa tata, son copain Bébert. On peut même convier ledit Bébert, et toute la bande du club de pétanque, Roro, Fifi, et le gros Dudule, à venir se faire un plateau télé devant ledit enregistrement. Si cet enregistrement se fait sur un support numérique, on peut l’envoyer aisément à Loulou, qui n’a pas pu venir ce soir là.

Oui mais.

Quand je dis « on peut », c’est on peut... techniquement.

Car juridiquement, on ne peut plus. De la première à la dernière phrase. Après une mascarade parlementaire digne de notre République Populaire de France10, certains dirigeants sont parvenus à imposer l’idée que tout cela était illégal.

Je ne vous dirai donc pas comment je fais pour regarder mes séries télévisées ; je vous dirai simplement qu’elles sont en version originale... et qu’il n’y a pas beaucoup de pub11.


Passons aux choses sérieuses.

Voici une liste à peu près exhaustive des séries que je regarde ou que j’ai regardées12. Je les classe, arbitrairement, par ordre de préférence, et suis prêt à en discuter avec vous dans le forum ci-dessous13.

 Hors catégorie

  • The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir, Royaume-Uni, 1961-1969)
  • The Persuaders (Amicalement vôtre..., Royaume-Uni, USA, 1971-1972)
  • The Wild Wild West (Les Mystères de l’Ouest, USA, 1965-1969)
  • Monty Python’s Flying Circus, Royaume-Uni, 1969-1974
  • Columbo (depuis 1968)
  • Doctor Who, Royaume-Uni, 2003 (signalons que la série originale a débuté en 1963)
  • Jekyll, mini-série, Royaume-Uni, 2006
  • Eureka
  • Dexter
  • Weeds
  • Pushing Daisies
  • Carnivale (arrêté)
  • Monk
  • Scrubs
  • Chuck

  • My name is Earl
  • Psych
  • Stargate SG-1 (arrêté)
  • Battlestar Galactica (évidemment)
  • Sanctuary
  • The Shield
  • House Md
  • The Closer
  • Reaper
  • The IT crowd (Royaume-Uni, très drôle)
  • Life on Mars (Royaume-Uni, terminé)
  • Sex & the City (terminé)
  • Malcolm in the Middle (terminé)
  • Profit (arrêté)
  • Raines
  • Six feet under (terminé)
  • The Kill point (mini-série)
  • Nip/Tuck (malgré la saison 4)
  • Wire in the Blood (La Fureur dans le Sang, Royaume-Uni)

  • Mad Men
  • Little Mosque in the Prairie
  • Heroes (eeh oui)
  • The Big Bang Theory
  • Californication
  • Alias (terminé)
  • Torchwood (Royaume-Uni, arrêté)
  • Stargate Atlantis
  • Farscape (terminé)
  • Earth : Final Conflict (terminé)
  • Prison Break (que je préfère considérer comme terminée)
  • The Dresden Files
  • Journey Man
  • Regenesis (Canada)

 

  • Painkiller Jane (arrêté — ouf)
  • Veronica Mars
  • Blade (ahahaha)
  • Blood Ties
  • ...

Voilà. J’en ai sûrement oubliées.

Valentin


Je n’ai pas du tout parlé de dessins animés ; le forum ci-dessous est là pour ça, et pour parler de toutes les séries que j’ai évoquées — et les autres...


[1Les séries américaines, on aura peut-être l’occasion d’en parler un jour, sont elles aussi éminemment politiquement correctes, mais elles jouent constamment avec les codes narratifs, avec l’idée de transgression, de façon à mon sens bien plus intéressante.

[2Et encore, je me suis retenu dévoquer Plus belle la vie.

[3Un exemple frappant est la première saison de Prison Break ; pendant 12 épisodes le héros prépare son évasion avec une ingéniosité diabloque et elle n’a aucune raison d’échouer — mais surprise ! dans l’épisode 13 (qui était prévu pour être le dernier de la saison), l’évasion tourne court, bêtement, et on repart pour 9 épisodes supplémentaires parfaitement inutiles.

[4Les pièces les plus connues (car les plus jouées) de Shakespeare ont un format à peu près compatible avec nos habitudes : 3 ou 4 heures environ. Mais d’autres telles que Henry VI peuvent facilement durer 7 heures !

[5Je dis bien des genres narratifs. En musique, en peinture, la notion de genre a précédé le phénomène, je pense par exemple aux centaines et centaines de concertos de Vivaldi, mais aussi aux cent six symphonies de Haydn.

[6C’est à cette époque que nait aux Etats-Unis la bande Dessinée, et en France la littérature de jeunesse : toutes deux destinées à de forts tirages, elles seront d’emblée marquées par ce phénomène.

[7Quelques jours après avoir écrit cet article, je tombe d’ailleurs sur LE truc à la mode : inventez-vous même votre aventure de Martine.

[8Je prends ici un exemple enfantin, mais ça marche aussi bien avec les James Bond...

[9Pour peu que l’on emploie un autre système d’exploitation que le Windows, ou un autre logiciel que Windows Media Player, par exemple — je rappelle à ce sujet que le premier est payant, et que le second porte notoirement atteinte à la vie privée des utilisateurs.

[10... Dont le principe est, je le rappelle,

[11La pub fait vivre la télévision, et par extension les séries ; mais encore est-on libre de zapper pendant la pub — pour l’instant : entre autres joyeusetés qui nous attendent, savez-vous qu’il existe aux USA des gadgets qui vous empêchent de désactiver votre magnétoscope pendant les pubs ?

[12(c’est-à-dire sans manquer un seul épisode ni une seule saison)

[13Vous noterez qu’il y manque certains gros succés tels que

  • Lost (jamais pu regarder un épisode)
  • Grey’s Anatomy (jamais voulu)
  • The 4400 (jamais essayé)
  • 24 (jamais pu me bloquer un moment pour regarder les 24 épisodes)
  • Desperate Housewives (j’ai regardé un épisode, jamais pu regarder le deuxième)

C’est donc évidemment très arbitraire et très lacunaire.

Messages

  • The Avengers : le grand classique à voir absolument

    • The Persuaders l’autre grand classique
    • The Wild Wild West encore un classique
    • Monty Python’s Flying Circus, Royaume-Uni, 1969-1974 : si vous n’avez pas vu au moins un épisode de cette série, ainsi que la dernière folie et sacré graal vous ne pouvez pas commencer votre vie d’adulte dans de bonnes conditions, ou le contraire.
    • Columbo (depuis 1968) je n’aime pas trop connaitre l’assassin au début des épisodes, j’ai toujours l’impression que c’est une insulte à mon intelligence. ****
    • Doctor Who, Royaume-Uni, 2003 (signalons que la série originale a débuté en 1963) : pas encore regardé
    • Dexter : pas encore regardé
    • Carnivale (arrêté) pas trop mal
    • Monk : excellent, mais vraiment excellent
    • Scrubs : marrant sans plus ***
    • Stargate SG-1 (arrêté) : j’adore la SF, mais la c’est un peu trop pour moi
    • The Shield : mouais, quand il n’y a que ça
    • The Closer : pas trop mal
    • Sex & the City (terminé) : pas fan
    • Malcolm in the Middle (terminé) : la série qui déchire absolument tout, humour, insouciance ....
    • Six feet under (terminé) : sombre et passionant
    • Nip/Tuck (malgré la saison 4) : première saison exceptionnelle, après ça se gate ... **
    • Heroes (eeh oui) : vu un épisode seulement
    • Alias (terminé) : je n’aime pas du tout
    • Stargate Atlantis : comme pour SG-1
    • Prison Break (que je préfère considérer comme terminée) : pas trop mal jusqu’à l’évasion, mais la cavale c’est n’awouak
    • Veronica Mars : que dire, c’est fin, bien monté, professionnel.
    • The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir, Royaume-Uni, 1961-1969) : Jregardait quand j’étais petite !
    • Monk : on l’oublie jamais celui là !
    • Sex & the City : fan !!!
    • Doctor Who : j’ai beaucoup aimé même si je n’ai pas souvent regardé
    • Alias : ça m’a plus.
    • Nip/Tuck : on me tapera sur les doigts si je dis que je n’arrive pas à m’en passer ?
    • Prison Break (que je préfère considérer comme terminée) : je suis d’accord la cavale , c’était nawak
    • Veronica Mars : Ça m’était du piment à l’heure du goûter, mais ça devient vite lassant

    Et puis ...

    • LOST !!!! : euh j’ai vraiment aimé ( je ne dirait pas la raison) mais la fin est déprimante et la musique était dissonante et stridente, d’un genre _expérimentale_ si on peut dire ça comme ça
    • Desperate Housewives : jregarde souvent ça quand je suis déprimée
    • 4400 : Jvois pas pourquoi c’est « 4400 » et pas « 3300 » ou « 5500 » . Je ne trouve aucun sens à cette série...peut-être que c’est le but...

    .Jeanne.

    • Prison Break (que je préfère considérer comme terminée) : je suis d’accord la cavale , c’était nawak

      Je ne parlais pas tellement de la cavale (saison 2), mais de la saison 3 qui est d’un ridicule achevé. À la fois incohérent, et en même temps garanti sans aucun humour...

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